20 ans d'evolution continue
Depuis sa première présentation en 2004, le tracteur Pm Trac de Pfanzelt a bien évolué. Pourtant, dès l’origine il a été pensé et développé comme un tracteur multifonction. Reposant à ses débuts sur une base et une motorisation Steyr, sa polyvalence concernait au premier chef sa capacité à passer des travaux des champs à la forêt. Ceci répondait à l’époque à une demande typiquement bavaroise, dans une région où les agriculteurs partagent très fréquemment leur temps entre les deux milieux. Une dizaine d’années plus tard, avec le Pm Trac III Pfanzelt a pris le parti de faire évoluer sa machine en concevant son propre châssis avec une optique résolument forestière et une motorisation Deutz de 180 ou 235 ch relayée par une transmission Zf. Le travail a aussi porté sur l’adaptation et la dépose rapide des outils pour passer d’une activité à l’autre de la façon la plus souple possible. Il devient par exemple possible de démonter la grue ou le treuil en moins de 20 minutes. Il y a trois ans, nous découvrions en Bavière la génération 36 qui préfigurait déjà du nouveau Pm trac avec comme principale nouveauté l’abandon de la boîte Zf pour une transmission à variation continue, dite VariaDrive. Cette dernière, a été conçue entièrement par Pfanzelt pour répondre à une nécessité de rouler plus rapidement, jusqu’à 50 km/h, et d’améliorer le confort d’utilisation au travail. En termes de puissances délivrées, on restait cependant sur un choix entre 180 et 230 ch. Des puissances insuffisantes pour certains travaux pratiqués par les clients de la marque, comme le broyage lourd. C’est ainsi que, moins de deux ans après la série 36, la nouvelle série 38 a été proposée au prix d’un changement de motorisation pour accéder à une puissance de 300 ch, 292 ch précisément. Pour y parvenir, il aura fallu en passer par un changement de moteur et une refonte du capot pour implanter une nouvelle unité thermique Agco Power 74 Hd, un 6 cylindres de 7,4 l de cylindrée qui est venu remplacer le Deutz d’origine, se déclinant désormais en trois catégories de puissance : 205 ch pour le Pm Trac 3820, 253 ch pour le 3825 et 292 ch pour le puissant modèle 3830.
300 CH pour le broyage forestier
Cette nouvelle génération de Pm Trac est un vrai succès, se réjouit Stéphane Pruniaux, responsable commercial France de la marque. En deux ans, il en a déjà vendu une quinzaine et explique, qu’en effet, cet accès aux 300 ch a élargi le champ des possibles tout en répondant à une demande réelle émanant de ses clients. Nous avions déjà découvert le Pm Trac 3830 tout à son avantage constituant un superbe ensemble de débardage 8x8 en attelage avec une remorque lourde Pfanzelt L19 (voir jMF n°237). Aux dernières nouvelles, son propriétaire l’Etf Coulet dans le Doubs en est très satisfait puisqu’il a commandé depuis un second ensemble identique. Pour ce reportage, afin de mieux appréhender l’aspect multifonctionnel de la machine, nous avions demandé à Stéphane de nous montrer le Pm Trac dans des conditions d’emploi différentes. Au premier chef, nous étions curieux de voir ce que la montée en puissance autorisait de nouveau au tracteur bavarois. Cela tombait bien, un Pm Trac 3830 venait justement d’être livré en Côte d’Or, chez Tpf, pour Travaux Paysagers et Forestiers. Un matériel vendu par l’entreprise François Pierre, de Longvic près de Dijon. Delphine Pierre, sa dirigeante que nous retrouvons sur place, nous explique qu’elle est concessionnaire exclusive Waker Neuson pour la Bourgogne-Franche-Comté et qu’en complément elle distribue Pfanzelt sur son secteur depuis maintenant 3 ans. Donc, une orientation plutôt Travaux Publics avec également des activités de location, d’entretien et de réparations grâce à un atelier disposant de fortes compétences en matière de mécanique et d’hydraulique. Crée en 2008 par Guillaume Pacotte à la suite de la reprise d’une activité de broyage initiée par son grand-père, l’entreprise Tpf a pour première spécialité le broyage forestier sous toutes ses formes, dégagements d’emprises, nettoyages de zones extensives, préparation aux plantations forestières, ou encore remises en culture de parcelles agricoles. Tpf est également équipée d’un broyeur de pierres, un Bugnot Obl’x entraîné par cascade de pignons et capable de travailler jusqu’à 40 cm avec lequel elle propose des créations ou des réfections de pistes forestières. En matière de porte-outils, côté tracteurs la puissance était jusqu’alors privilégiée avec un Class Xerion et un Fendt 1000. Deux excellents tracteurs, nous explique Guillaume Pacotte, mais qui pouvaient aussi sur certain chantier être handicapés par leur gabarit. En se séparant du Xerion pour le remplacer par un Pm Trac, l’entrepreneur changeait quelque peu son fusil d’épaule pour pouvoir offrir à ses clients plus de polyvalence, notamment en matière de chantiers plus délicats, de terrains plus sensibles. Avec un poids d’environ 14 t et un gabarit très compact, le Pm Trac 3830 fait moins peur et arrive à se faufiler un peu partout.
Un tracteur compact et agile
C’est justement dans un environnement forestier que Guillaume Pacotte a souhaité nous montrer son nouvel équipement. Sur place, nous retrouvons son chauffeur, Camille aux commandes de son nouveau tracteur rutilant. Et pour cause, la machine livrée il y a tout juste un mois n’affiche que 130 h au compteur. La grue, un modèle Pfanzelt 7192 au couple de levage de 102 kNm et 9,20 m de portée a été déposée pour atteler sur le relevage arrière un broyeur Bugnot Bflo qui vient de leur être livré. Camille intervient ce jour dans une propriété privée de 250 ha dévolus à la chasse. L’entreprise est chargée d’y ouvrir des lignes de tir ainsi que de réaliser la réfection des chemins. Une opération qui pourrait s’assimiler à la réalisation de cloisonnement avec en plus un impératif de praticabilité en 4x4 pour aller récupérer le gibier en voiture. Dès son arrivée sur la parcelle, Camille a retiré les ailes du tracteur ainsi que le kit routier, plaque d’immatriculation aimantée, clignotants et rétroviseurs, pour être sûr de ne rien arracher en forêt. Homologué pour rouler sur la voie publique, le Pm Trac présente en effet d’excellentes capacités routières qui permettent à l’entreprise de le mobiliser sans transfert dans un rayon de 2 h autour de Dijon. Le nouveau broyeur Bugnot, un Bflo 2575, avec ses 2,60 m de largeur hors tout, présente un gabarit parfaitement adapté au Pm Trac. Son poids, de 2,8 t, est à peu près équivalent à celui de la grue et l’ensemble reste parfaitement équilibré, nous précise le jeune pilote. Le broyeur vient d’arriver et affiche à peine 50 h. À la mise en route du Pm Trac, Camille a commencé à travailler avec le broyeur qui équipait le Xerion, un modèle large de 3 m et qui pesait plus de 4 t. L’ensemble était beaucoup moins équilibré, reconnaît Camille et avait tendance « à tirer un peu », on veut bien le croire ! Le gestionnaire des lieux exigeant un broyage très homogène pour que des véhicules puissent y circuler, le pilote procède en deux passages. L’un en marche avant et le second en marche arrière. Le poste inversé qui équipe le Pm Trac est un de ses atouts. Avec un siège pneumatique confortable à rotation électrique à 340° l’opérateur peut travailler confortablement, toujours dans le sens de la marche. On remarque que Camille se positionne aussi souvent de trois quarts, à la manière d’un débardeur en skiddeur. Avec une surface vitrée de 7 m², la cabine offre une visibilité hors pair dans tous les sens. Panoramique, le pare-brise arrière est épais de 12 mm ce qui le dispense de la présence d’une grille. Après la deuxième passe, le broyat est très fin et homogène. Le broyeur n’a fait qu’une bouchée des quelques souches qui se trouvaient sur son passage, dont certaines cépées assez imposantes tout de même. Camille passe ensuite un coup de lame pour égaliser le terrain. Le travail est nickel. Le chauffeur nous confie que par rapport au Xerion il appréciele caractère nativement forestier du Pm Trac. La qualité des protections, une garde au sol plus élevée et la visibilité du poste de travail le rendent plus serein dans son travail quotidien. Le treuil 5 t qui équipe la lame à l’avant est aussi pour lui un « énorme avantage ». Utilisé pour câbler des arbres dangereux, ses 50 m de câble lui assurent aussi de pouvoir se tirer d’une mauvaise passe en cas de plantage, une sécurité dont il ne disposait pas auparavant. Quant à son patron, l’acquisition de cette nouvelle machine lui permet d’afficher aujourd’hui deux positionnements pour ses prix de prestations. Avec d’un côté le Fendt pour les broyages lourds, en plein et les travaux de terrassement, de l’autre le Pm Trac pour les chantiers demandant plus d’agilité. Guillaume a déjà calculé que la consommation du tracteur Pfanzelt était de 40 l/h, comparativement moitié moindre que celle du Fendt. Il estime par ailleurs que sa progression est 1,5 fois moins rapide. Sans parler du fait que la machine est plus polyvalente avec sa grue qu’il est toujours possible de remonter pour d’autres types de travaux. Les choses s’équilibrent donc plutôt favorablement pour le Pm Trac qui dans sa version 300 ch démontre de très bonnes aptitudes de broyage.
Un travail délicat sur la ripisylve
Le second tracteur Pfanzelt visité nous amène en Corrèze dans un contexte et une activité complètement différents. La machine est un Pm Trac 3820 de 205 ch livré il y a un an au Siav, le Syndicat mixte à la carte pour l'Aménagement de la Vézère. Il est donc dévolu à l’entretien du cours d’eau et de ses affluents avec une compétence Gemapi, pour Gestion des Milieux Aquatiques et la Prévention des Inondations. À ce titre, outre l’entretien de la ripisylve, la consolidation des berges et le suivi des ponts, il s’occupe également de la gestion des milieux humides avec par exemple des travaux de restauration de mares. Mickaël Rambaud, agent des milieux aquatiques depuis 25 ans, est l’opérateur unique de la machine avec laquelle il rayonne sur tout le bassin versant de la Vézère ainsi qu’un bout de Corrèze. « Je suis chargé d’enlever tous les arbres qui tombent ou qui sont déstabilisés sur la rive », expliquetil. Mickaël travaille quasiment toujours seul, en parfaite autonomie avec sa machine avec laquelle il parcourt les 1.300 km² que gère le syndicat. Ainsi, son tracteur au bout de 600 h de travail affiche déjà 1.400 km parcourus. Il nous explique sa manière de procéder. Pour commencer, il parcourt régulièrement le cours d’eau à bord d’un petit bateau afin de repérer les opérations à pratiquer qu’il marque d’un point GPS sur une tablette. Ce travail de recensement accompli, il organise ses interventions en circulant de point en point avec son tracteur. Ce jour-là, Mickaël nous convie à l’accompagner au bord de la Vézère, proche de la commune de Saint-Viance où il a repéré qu’un gros chêne était tombé dans l’eau. Pour parvenir jusqu’à l’arbre en question, dans cette section boisée il longe les berges en se faufilant habilement à travers les arbres. Son but est en effet de préserver un maximum de végétation dans ces parcelles relevant à 99% de propriétaires privés. Arrivé proche du chêne déraciné, il enfile ses waders, des cuissardes remontant jusqu’à la taille, et se met à l’eau pour commencer à ébrancher le tronc afin de le tirer plus aisément. Mickaël mobilise alors son treuil, un modèle 3 points Pfanzelt P1102 de 10 t de traction, pour retirer l’arbre de l’eau. « Grâce à la radiocommande, le confort de travail est terrible ! Je n’ai plus besoin de faire 50 allers-retours avec la cabine », explique-t-il en ramenant délicatement l’arbre contre le tablier du treuil. Le technicien rivières peut alors s’employer à débiter le tronc avec sa Stihl 500i. Il ne lui reste alors plus qu’à empiler soigneusement les billons à la grue, un modèle 7185 de 8,50 m de portée, et à regrouper les rémanents avec la lame pour laisser le tout à disposition du propriétaire. Un travail rondement mené. Le Pm Trac du Siav est venu remplacer un tracteur Renault équipé d’une grue Cranab Fc80 que Mickaël utilisait jusqu’alors. Si la grue Pfanzelt est légèrement moins puissante que la Cranab, il l’estime aussi beaucoup plus souple à l’usage et finalement ses 10 t/m brutes lui suffisent amplement. L’opérateur estime avoir globalement énormément gagné en confort de travail. Grâce au verrouillage des ponts, la machine est parfaitement stabilisée ce qui revêt une grande importance sur les sols meubles qu’il rencontre au quotidien. Ses 12 t de poids propre limitent considérablement son impact et le confort offert par le poste inversé lui fait gagner beaucoup de temps. Cette dernière mouture du Pm Trac est donc assurément la plus aboutie. Le passage à une motorisation Agco de 7,4 l pour pouvoir augmenter la puissance jusqu'à la catégorie des 300 ch avec un seul moteur et la modularité des configurations envisageables lui ont en effet permis d’étendre son champ d’applications tout en conservant ses propriétés forestières uniques.
Vincent Nathan